Atypique
Allo les docteurs : Bobo !
HOMOS, osmose … os…
Ô nous, femmes, sommes souvent considérées comme des malades imaginaires. Nous écoutons trop notre corps. Trop ?
« Et on sait que les femmes et les enfants sont plus facilement la proie de leurs émotions »1 Bon on sait, si on sait…
La proie, je rirais si je n’avais les lèvres gercées !
Voilà le genre d’idée de la bien-pensance qui s’agite pour endormir nos consciences de Femelle. Le patriarcat n’a toujours pas rendu l’âme à l’aube du troisième millénaire.
Que voulez-vous, nous les femmes, sommes de grandes papoteuses et quand on parle et bien on écoute aussi… Ah les grandes soirées entre copines… Quand notre corps parle, il faut savoir l’écouter; cette voix profonde est aussi un chemin certain vers la plénitude sexuelle mais c’est une autre histoire qui n’a point sa place ici à cette heure !
En 1981, quelle belle année ! lors d’une visite impromptue à l’hôpital, parce que je ressentais des contractions à mon huitième mois de grossesse, je fus prise en charge par un jeune interne qui déclara après un monitoring, geste de savant, je pouffe :
« Oui vous avez des contractions, mais celles-là, vous ne devriez pas les ressentir ! «
Damned je sentais, ressentais mon corps de femelle en gestation profond, profond. J’ai beaucoup aimé le « vous ne devriez » ah la norme qui sécurise, le devoir !
Doux Jésus me voilà cataloguée atypique.
Voguèrent les années sur une mer souvent agitée puis… Après mon arthroscopie du mois de décembre 2007, je me cogne le genou et comme un feu qui se déclenche, je sens la maison qui brûle, je consulte car mille et une douleurs viennent me snober la nuit, l’enfer s’installe sans invitation.
Encore faut-il me croire ?
Or donc, en janvier de cette année là, vingt-six ans plus tard, je raconte à mon médecin l’impression que je ressens, à savoir le réveil de toutes mes vieilles plaies d’antan : fractures, claquages, tendinites, coups (un jour je me suis cognée la cuisse contre la table à repasser, de quoi vous dégoûter du repassage à vie !) entorses dues à des entraînements sur des chemins tortueux ou sauts de gazelle de rocher en rocher, très, très mauvais pour les tendons. Il me dit : « Des impressions ou des réalités ? »
Saperlipopette, j’impressionne, je ne délationne pas, je les vis et si ces sensations me semblent étranges, je ne fantasmagorise pas et ne somatise pas ! Bingo, les globules blancs et tout le saint-frusquin jouent à la Castafiore !
Voilà des manifestations physiques quantitatives bien réelles, mais une autre réalité me démange et pas que le poignet :
Il y a des révoltes qu’il faut crier au delà des
encriers !
1Passions et destins des passions p.17 André Green
Journal de bord écrit et publié en novembre 2008
Encore disponible chez votre atypique : caroline.bordczyk@outlook.fr