LE COMMERCE DES MOTS
Chapitre
II
Le camp
…
La voiture fonce dans le silence. Fred ne dit mot, Céline vagabonde : « Ah oui j’ai bu les mots sans modération. Comment savoir le vrai du faux comment croire les mots de celui qui parle ? Écouter entendre comprendre, mais comment comprendre sans échanges comment savoir si on interprète correctement le message ? Lire est un champ de liberté ouvert, on est seul face à cet écrit, on prend ce qu’on veut, mais en fait, ne retient-on que ce qui nous arrange ? Apprendre des autres c’est si dur et comment faire sans avoir fait un travail sur soi, connaissance avec soi, de soi. »
Céline a passé ces cinq années à écrire et se demande ce qu’elle va faire de ses notes. Mais ses écrits dans sa cachette à la ferme sont-ils intacts ? Elle est pensive : « L’écrivain est-il le conteur de sa vie ? Les mots sont-ils les fruits d’une imagination débordante ? L’écrivain peint le monde avec les mots de la bibliothèque de sa vie. MOTS ! Ce qui est sûr c’est qu’ils sont comme Dieu, la propriété de personne, la propriété de tout le monde ! »
Elle cogite bouillonnante puis continue : « Les mots n’ont pas perdu leur sens, ce sont les hommes qui sont devenus fous, les mots ont toujours le même sens, la même définition, la liberté reste la liberté et les barreaux des barreaux. L’amour n’est pas la haine, et si les mots semblent vidés de leur sens c’est que les hommes ont vidé le sens de leur vie, naufragés perdus. L’idéologie détourne le sens des mots, l’idéologie est castratrice ! »
…
Mon personnage s’interroge sur ce qu’elle veut devenir : écrivain et dans cet espace là, elle sort de cinq ans de camp de rééducation… La prise de conscience politique est un cheminement personnel une liberté de soi en soi…qu’elle livre à son cousin…